Les plantes carnivores possèdent des adaptations (leurs pièges) qui leur permettent de pousser dans des milieux pauvres en nutriments ou bien dans des milieux où ces nutriments ne sont pas sous une forme assimilable par les plantes.
Leurs pièges récupèrent ainsi un complément alimentaire (particulièrement en azote, mais aussi d'autres éléments chimiques), généralement sous la forme d'arthropodes dans leur environnement que la plante va mettre à profit pour sa croissance et sa reproduction.
On peut donc être tenté de nourrir les plantes carnivores qui n'ont jamais accès à des proies (en terrarium), celles qui sont petites ou fragiles, celles dont la période de végétation est courte... bref, on peut avoir envie de booster nos plantes pour plein de raisons.
Je vous propose donc ici une fiche pour élever des drosophiles. Je ne vais pas réinventer la poudre

Je préfère personnellement les drosophiles aux paillettes à poisson dans l'usage que j'en fais, parce que je trouve qu'elles font moins pourrir les pièges, surement dû au fait qu'elles sont moins concentrées en nutriments. Par ailleurs, les drosophiles ont l'avantage d'aller toutes seules dans les urnes des plantes: pas besoin de les déposer une par une dans les pièges.
Les drosophiles étant petites, vous augmentez la surface de contact pour la digestion en comparaison à une grosse proie qui sera plus difficile à dégrader (dites-vous que du sucre en poudre se dissout plus vite qu'un cube de sucre).
Enfin, j'ai tendance à me dire que les gros pièges (dans le cas des Nepenthes ou des Heliamphora) captureront beaucoup de drosophiles, tandis que les petits pièges en captureront peu: une forme de régulation "logique".
Au niveau des inconvénients: c'est du vivant, donc cela ne se stock pas comme des paillettes. Une fois qu'on a perdu la souche, il faut la récupérer. Je n'ai pas fait les coûts de la chose, mais je pense qu'acheter une boite de paillettes à poissons dans une animalerie doit revenir bien moins "cher". Enfin, les pseudos soucis liés à l'élevage, comme l'odeur si vous mettez ça au milieu du salon...
Bref, si cela peut vous être utile, lisez, sinon, passez votre chemin


Dans la pratique:
Les trois trucs à surveiller pour la culture:
- - éviter que votre pot ne sèche trop vite.
- éviter que votre pot ne pourrisse (d'où l'ajout d'un antifongique).
- éviter les acariens. Ils peuvent ralentir voire tuer votre élevage. J'ai découvert depuis peu une technique choppée ICI. A voir si ça marche bien. Notamment l'utilisation de carbonate de calcium, de micro-fibre et d'Ascabiol (pharmacie) pour tuer et empécher les acariens de revenir.
Voici ce que j'utilise et comment je m'y prends:
Drosophiles:
- - une souche de drosophiles aptères ou à ailes vestigiales/non fonctionnelles/absentes. Vous pouvez les acheter en ligne sur des sites d'animalerie par exemple. Les terrariophiles s'en servent pour nourrir leurs dendrobates. Je ne vous détaille pas l'utilité de prendre des drosophiles qui ne volent pas
.
- - récipient plastique avec couvercle (à trouer). Je trouve que l'utilisation d'un couvercle est moins contraignante que celle avec un élastique. Mais vous pouvez utiliser un verre à pinte ou je-ne-sais-quoi-d'autre: qu'importe le contenant, pourvu qu'on ait les droso!
- rafia. Pour que les larves puissent se métamorphoser et pour que les adultes puissent également se poser sans risque de noyade. Vous pouvez utiliser des bouts de plastique provenant de vieilles bouteilles ou autres... L'important est d'avoir quelque chose de non putrescible.
- tissu pour empécher l'évasion des droso et des larves, mais qui laisse passer l'air. Sopalin, vieux collants, tulle à fines mailles... J'utilise ce dernier.
- - compote de pommes (grande surface).
- levure de bière (grande surface).
- avoine (grande surface).
- mycostatine (pharmacie, anti-fongique, sur-ordonnance-mais-ça-peut-passer-si-vous-expliquez-à-quels-desseins-vous-souhaitez-l'utiliser) .
- vinaigre. Agit également comme un anti-fongique.
- eau. Pour essayer d'augmenter le temps de production du pot.

Protocole (ca fait technique

- - 3 cuillères à soupe de compote de pommes.
- 2 cuillères à soupe de levure de bière.
- 2 cuillères à soupe d'avoine.
- 1 cuillère à café de mycostatine.
- 1 cuillère à soupe de vinaigre.
- 1 ou 2 cuillères à soupe d'eau.
Vous placez votre rafia par dessus:

OPTIONNEL:
Vous transférez vos drosophiles dans un récipient contenant du carbonate de calcium. Vous attendez 5 minutes en ayant pris soin de bien remuer au début, afin de tuer les acariens:

Vous ensemencez votre nouveau pot. Evitez de transférer les acariens si vous en avez avec les drosophiles si vous n'avez pas fait l'étape d'avant. Attendez que les droso tombent d'elles-mêmes dans le nouveau pot, ou tapottez délicatement pour faire tomber les droso mais pas les acariens... Vous avez compris l'idée.
On conseille une 50ène de drosophiles pour démarrer une souche (en ordre d'idée):


Placez maintenant votre pot là où vous le voulez. Dans un placard pour ne pas vous embéter avec l'aspect esthétique/ordeur des pots par exemple. Evitez de le mettre dans un endroit supérieur à 28-29°C. A cette température, les drosophiles peuvent commencer à être un peu stériles (gametogenese qui se passe mal). Evitez de placer votre pot dans un endroit qui l'asséchera en quelques jours.
J'essaye de placer mes pots sur ces fameuses microfibres préalablement enduites d'Ascabiol, puis séchées pour limiter la propagation des acariens.
Une droso morte ramassée au pied d'un pot dans le terra:

A vous
